Les Confessions, Livre I (réécriture) [ft. Ike]

En ce début de Septembre, Ashibata avait de nouveau ouvert ses portes pour accueillir d'anciens élèves, mais aussi des nouveaux: les 3e année s'en allaient, des 1e année découvraient la bête inconnue qu'était le lycée.

Pour la jeune Namiko, ce n'était rien de très nouveau. Elle entrait en 2e année, -la 2D pour être plus précis- et continuait de se la couler douce comme auparavant. Rien de nouveau, comme je disais. En classe, aucune amie à elle. Fallait dire que le proviseur n'allait tout de même pas -volontairement- mettre deux personnes d'un même gang dans une même classe. Ce ne serait qu'aggraver le cas de certains élèves et nuire au bon déroulement des cours. Bref, Namie était seule. Mais qu'importe, on la savait de KoiZora, par conséquent, ou on la craignait, ou on essayait de se mettre de son côté. Vaine tentative cependant!

Cela fait maintenant une semaine que les cours ont repris. Le trombi des profs est plutôt cool cette année. Notamment en matière de professeur principal. Ils se connaissent. Haneda-sensei est le professeur qui l'a le plus encouragée dans ses projets and co. Puis il sait rire, lui au moins.

Malheureusement, en matière d'emploi du temps, ce n'était pas le top: beaucoup trop d'heures de trous! Vraiment trop. A en crever! Mais d'un autre côté, ça lui permettait de se faufiler délicatement vers la bibliothèque ou bien de retrouver son chéri (Masato) ou bien de casser quelques gueules ni vu ni connu!

Aujourd'hui, permanence de 15h à 16h. Juste avant la récrée. Parfait pour pouvoir trainasser quelques minutes en plus dans son antre secrète.
C'est donc toute impatiente et joyeuse que la jeune nipponne -vêtue d'un jeans délavé clair, d'un débardeur rayé multicolore, d'un sac en bandoulière pêche et d'accessoires en tous genres (pin's, gros bracelets colorés, boucles d'oreilles smiley et arc-en-ciel)- traversa la rue pour atteindre un peu plus loin la librairie.

Le rayon mangas shôjo puis shonen de passé, Namie arriva dans le coin sans doute le plus poussiéreux de tout la librairie: le rayon international. Plus précisément devant le meuble qui contenait des dizaines de romans à l'eau de rose. Un fin sourire aux lèvres, l'excitation la gagnant, elle jeta un coup d'oeil par-ci, par-là (au cas où on la verrait, au cas où un de ses potes la verrait) pour ensuite dérober parmi ses confrères, le livre suivant: Une vague d'amour sur un lac d'amitié. Enfin, elle se laissa délicatement tomber sur le fauteuil au coin de la pièce. Voilà, elle était enfin plongée dans son roman. L'héroïne apprend que son éducateur d'anglais, Tim, à en fait une amoureuse. Tout s'écroule pour elle. Et bientôt, tout s'écroulerait pour Namie...

S'il y avait bien une chose qu'Ike ne supportait pas avec le lycée, c'était les heures de trous comme on appelait ça. Il avait une de ces fameuses heures en ce moment même. Il devait trouver un moyen d'occuper ce moment d'une quelconque manière mais rien ne lui venait. Toutes ses connaissances étaient en cours – eux; le garçon se retrouvait donc totalement seul. Ike ne supportait pas la solitude, il ne pouvait donc pas juste rester tranquillement sur un banc en attendant que son prochain cours commence.

C'est alors qu'il pensa au fait qu'il n'avait toujours pas été chercher le livre que son père lui avait demandé de ramener. En effet, la veille Monsieur Manao avait demandé à son fils une petite faveur, soit aller lui acheter un livre à la librairie que l'homme avait commandé il y a de ça quelques temps. Donc, cette heure de temps libre était le moment rêvé pour aller chercher ce fameux livre.

La libraire n'était qu'à quelques rues du lycée, Ike y arriva donc très vite. Lorsqu'il entra, le jeune homme remarqua que l'endroit était totalement vide. La dernière fois qu'il était venu il y avait trouvé tellement de monde qu'il n'avait pu y rester plus d'une minute. C'était assez relaxant de ne voir personne cette fois ci. Avant de demander au vendeur le livre en commande qui devait sûrement être mis de côté, le garçon décida de faire un petit tour dans l'endroit. Il avait l'habitude d'aller toujours voir une rubrique bien spécifique à chaque fois qu'il venait, mais lorsqu'il s'y dirigea cette fois là, il tomba sur des livres parlant de cuisine. Et – peu étonnant – ce n'était pas ce pour quoi il était là. La librairie avait la sale manie de toujours changer de place les différentes rubriques. Ike partit donc à la recherche du nouvel emplacement de la sienne.

Par on ne sait quel moyen, le jeune homme se retrouva dans la coin international. L'endroit le plus paumé et le moins visiter du lieu. Même si, fut une époque, Ike aimait y passer son temps. Cette fois, l'endroit n'était pas si désert. Il y avait une jeune femme assise sur un des fauteuils de la pièce en train de lire. Sur le moment, le garçon ne la reconnut pas. C'est en y regardant de plus près qu'il pût reconnaître Namiko. Après un sourire en coin, Ike décida de la rejoindre. Il s'assit alors sur le fauteuil à côté d'elle. La demoiselle était tellement plongée dans son livre qu'elle ne réagit même pas à sa présence. Le jeune homme baissa quelque peu le regard pour voir quel livre elle avait entre les mains. Après avoir lu le titre, il remarqua la vignette rose sur la couverture qui caractérisait les romans à l'eau de rose (oui, système très original n'est-ce pas ?).

« Une vague d'amour sur un lac d'amitié.. T'aurais des problèmes relationnels ? Tu es en pleine quête du prince charmant ?

Il marqua une pause.

Tu sais, il n'existe vraiment que dans les livres. »

Il n'avait pas pu s'en empêcher. Bien sûr, il avait parlé sur un ton on ne peut plus ironique. Le fait de lire de romans de ce genre était un fait assez incompréhensible pour Ike. Rien de ce qui n'était écrit dedans arrivait vraiment. Ils n'étaient vraiment fait que pour divertir les jeunes filles rêvant du grand amour. Pourtant, il n'avait jamais imaginer Namiko comme ce genre de fille.

Il faillit continuer sa phrase par un « enfin, sauf moi qui suis un véritable prince charmant », mais il se retînt. Il l'avait déjà assez taquiner dans cette minute. Il ne fallait jamais abuser des bonnes choses. Même si quelque fois la tentation pouvait se montrer trop forte. Mais pas cette fois. Il avait vraiment réussi à retenir sa réplique. En y repensant, Ike aimait beaucoup être faussement narcissique. Ça l'amusait. Il aimait se tourner lui même en dérision. Mais n'aimait pas que les autres le fassent. Oui, Ike est un jeune homme vraiment difficile à cerner.

Qui a dit que les romans à l'eau de rose n'étaient fait que pour les jeunes filles qui étaient à la recherche du grand amour? C'est encore un de ces stupides préjugés que l'on se faisait à propose des livres romantiques. La preuve, Namiko est une adolescente pleine d'entrain, follement joyeuse, excessivement bagarreuse et divinement amoureuse! Alors, quel lien trouvez-vous entre Namiko et LA fille censée lire ce genre de romans? Aucun!

Pour être franc, au départ peut-être, la première fois qu'elle s'était intéressée à ce genre de romans, Namie était LA fille des romans à l'eau de rose. Son premier livre, Ce Jeudi d'Octobre, en deuxième année (Collège). A cette époque, la lecture de ce livre provoqua une foule de sentiments en la petite nipponne qu'elle était. Comme elle, cette fille n'avait pas de père. Ses parents avaient divorcés. Comme elle, sa mère travaillait de nuit. Au moins, elle avait un travail descend (comédienne). Comme elle, elle avait une meilleure amie mais rêvait d'un vrai prince charmant rien que pour elle. Mais à l'inverse de Namie, Madde (l'héroïne) l'avait trouvé son prince charmant... Lire des histoires d'adolescentes avait depuis ce jour, toujours plut à Namiko. Ces histoires qui vous prennent jusque là, au point de laisser votre lampe de chevet allumée des nuits entières... la lecture, ça a bien souvent empêché la jeune enfant de se sentir trop seule les soirs où Kaneko allait assouvir des plaisirs masculins.

Toujours plongée dans sa lecture -moment de désolation où, l'héroïne en veut à Tim (l'éducateur) au point de ne pouvoir que pleurer à l'idée qu'il vienne lui donner des leçons- Namie sentit une personne s'approcher pour ensuite s'avachir sur le fauteuil. Non sans gêne. Pour autant, elle n'en sortit pas de la trame de son roman et poursuivit les états d'âmes de la petite Suzanne.

Soudain, alors qu'elle s'apprêtait à tourner la page de son roman, une voix qui lui était familière se fit entendre. Une voix masculine. C'était Ike. Toujours aussi taquin sur les bords. A ce moment, Namie crût faire une crise cardiaque: ce qu'elle avait toujours espéré ne jamais se produire venait, à cet instant t, de se produire. Un membre de Koizora la prenait sur le fait, lisant un roman à vignette rose. Un honte pour elle. Allez lui demander pourquoi!

Ne lui laissant pas le temps de revenir à la charge avec un autre de ses plaisant sarcasmes, Namie ne trouva rien d'autre à dire que cela, sur un ton des plus neutres:

"De quoi tu parles?"

Elle ferma immédiatement le livre, prenant tout de même soin d'y laisser son index -afin de ne pas perdre la page- puis déposa le livre à ses côtés, hors de la vue d'Ike. Mais à quoi bon? Il avait déjà toutes les informations capitales sur le livre: titre et catégorie. Une honte pour la jeune nipponne.

Après lui avaoir adressé un sourire qui en disait long sur sa pensée, Namie acquiesça, comme on capitule lors d'une défaite:

"Ok, c'est bon, j'suis grillée!"

Mais comme pour ne pas s'avouer totalement vaincue, elle trouva de quoi gêner à son tour son ami, plutôt sûr de lui:

"Et toi, tes problèmes relationnels? T'es venue ici en quête de réponses n'est-ce pas?

Elle marque une pause, un sourire fier aux lèvres. Fais pas l'innoncent, c'est pour Aiko-chan que t'es là!"

Contente d'elle-même, Namiko laissa s'échapper un petit rire: il fallait voir le changement d'expression sur le visage du grand japonais! Mais en bonne amie et excellente confidente, elle lui adressa un petit coup d'épaule pour l'inciter à parler d'elle. Aiko.